Projet de récupération d’eau de pluie : la faisabilité

par "Pierre L'écoleau" dans Eau de pluie | 6 commentaires

Définir la faisabilité d’un projet en images ..

La faisabilité d’une réalisation de récupération d’eau de pluie (avec stockage enterré) est soumise à plusieurs conditions ou contraintes !

a) l’accessibilité routière

b) l’accessibilité à l’emplacement

c) la surface disponible

d) les contraintes techniques

e) la surface de captage

Détaillons quelque peu chaque point, mais je vais aussi vous partager diverses photos de chantiers vous permettant de mieux visualiser les éléments concernés. Vous pourrez éventuellement inviter vos artisans à lire cet article si besoin ..

Attention : Toute reproduction / utilisation des photos présentées sur cet article est strictement interdite ! (Photos personnelles)

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a) l’accessibilité routière

Selon si vous allez implanter un stockage en une seule cuve ou en plusieurs, et selon le volume et le poids de cette (ces) cuve(s), il est important de déterminer quel type de camion sera censé venir les livrer sur place !

Sachez que selon les fabricants, une cuve béton cylindrique de 10000 l. (par exemple) fera un diamètre de 2.50m ou plus, et 2.50m … c’est aussi la limite du passage en convoi exceptionnel ! (plus cher et plus contraignant !) Ce type de cuve peut être livré par un camion plateau simple, par un camion plateau avec grue, ou par un semi-remorque plateau.

Selon le gabarit et la longueur du camion, il sera peut-être nécessaire d’évaluer l’accessibilité routière au terrain, surtout pour un semi-remorque ! Perso, j’ai accompagné plusieurs chantiers conçus sur base de 3 cuves béton cylindriques de 6000 l. de 2.20 de diamètre, en « orchestrant » parfois la livraison de 2 chantiers simultanément, donc, par camion semi-remorque plateau, tel que vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous. Il y avait donc 6 cuves sur un plateau de 13m !

Transport cuves béton.
Copyright éc'eau-logis
Camion semi-remorque avec plateau de 13m
Transport cuves béton.
Copyright éc'eau-logis
Camion semi-remorque avec plateau de 13m

Vous comprenez donc qu’une livraison avec ce type de camion doit être garantie possible avant toutes choses, pour tout le trajet entre les grands axes routiers et le terrain lui-même ! (si vous avez un doute sur un passage délicat, n’hésitez pas à faire appel directement à un terrassier professionnel équipé d’une remorque « porte-char » ou d’un transporteur semi-remorque, qui pourra vous donner un avis sur place)

Voici un exemple de remorque « Porte-char », transportant des engins lourds. Une grosse pelle sur chenilles ne peut rouler sur route, doit donc obligatoirement être déplacée sur Porte-char ! Vous comprendrez que certaines manoeuvres ne sont pas aisées avec ce type de remorque.

Remorque porte-char.
Remorque « Porte-char »

A contrario, une pelle sur roue peut rouler sur route .. , mais est moins stable qu’une pelle sur chenille. (voir en fin d’article)

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Pelle_roues.jpg.
Pelle sur roues

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b) l’accessibilité à l’emplacement

Il m’est arrivé de devoir prendre des mesures particulières (négocier l’accès par un terrain voisin par ex.) sur certains projets ou de devoir carrément « abandonner » certaines conceptions pour divers problèmes « non-prévus » préalablement par les porteurs de projet. Ces problèmes peuvent être d’ordre différents, à savoir :

** un grand arbre dont les branches (que ne veulent pas couper les propriétaires) gênent l’accès du camion et/ou de la pelle

** une ligne téléphone ou électrique qui gêne sur la voie d’accès ou sur la zone de travail

** une déclivité de terrain trop risquée pour les engins

** une voie d’accès trop étroite

Déchargement camion.
Copyright éc'eau-logis
Déchargement

Vous pouvez vous rendre compte sur la photo ci-dessus de la hauteur de travail nécessaire pour le déchargement du camion

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c) la surface disponible

La surface du chantier sur cette parcelle est aussi importante. En effet, j’ai déjà eu le cas où un terrain était aisément accessible par la route, mais une fois sur place, on constatait que l’emplacement d’implantation était trop exigu pour contenir l’ensemble des conditions de travail, à savoir :

** la voie d’accès pour les engins (pelle + camion) +

** la zone de travail de la pelle +

** l’éventuelle zone de manoeuvre +

** la surface du trou d’implantation +

** la « zone de sécurité 3m à l’entour du trou +

** la surface de stockage temporaire du volume de terres extraites !

Un manque de surface « de travail » peut donc être éliminatoire ! Sur les photos suivantes : l’accès au terrain arrière de ce chantier a du se négocier par chez le voisin, et était tellement étroit qu’une grosse pelle ne pouvait passer ! Aussi, un grand arbre gênait considérablement le passage avec la cuve « suspendue » par les chaînes de levage, le terrassier a donc du jongler entre une amenée tantôt en suspension, tantôt en « prise par le bas » par les rallonges de fourches .. La surface de manoeuvre pour passer la clôture était aussi très réduite. Au vu de tout cela, il s’en est fallu de peu de devoir renoncer définitivement à ce projet !, ça a été chaud, mais nous y sommes arrivés ..

Manoeuvre de cuve avec Maniscopic.
Copyright éc'eau-logis
Passage extrêmement étroit !
Déplacement cuve avec Maniscopic.
Copyright éc'eau-logis
Zone de manoeuvre extrêmement réduite !
Terrassement mini-pelle.
Copyright éc'eau-logis
Zone de travail importante !

Ci-dessous : travail de pelle + camion pour évacuation des terres

Camion + pelle pour enlèvement des terres excédentaires

 

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4) les contraintes techniques

Parfois, on peut hélas être face à des contraintes insurmontables, par exemple :

** un sol complètement rocheux, dont le creusement coûterait beaucoup trop cher !

** des conduites eau / électricité / téléphone enterrées ou aériennes qui gênent considérablement les zones d’accès / de travail / de manoeuvre ..

** un dispositif d’assainissement « trop encombrant »

** un terrain en pente excessive ou en pente « contraire »

** une nappe phréatique affleurante ou possiblement remontante ! , ou une pression exercée dans le sous-sol par un étang ou une rivière proche possiblement débordante ..

       Cela peut être un point qui compromette un projet, y être très attentif !   (nécessite une étude de sol en cas de suspicion !)

** Etc …

Sur la photo suivante : le chemin d’accès au terrain arrière était bordé d’arbre, dont les branches empêchaient de passer avec le camion de livraison ou avec une pelle véhiculant les cuves « en suspension » par les chaînes de levage, il a donc été nécessaire de les amener à l’aide d’un gros Maniscopic, « en prise » par le dessous .. Mais attention : dans ce cas, il est toujours indispensable d’avoir des rallonges de fourches suffisamment longues (tubes acier rectangulaires de 2m à 2.5m selon cuve) que pour y poser entièrement la base de cuve, afin de ne pas risquer d’exploser la base !

Déplacement de cuve avec Maniscopic.  Copyright éc'eau-logis
Déplacement délicat !

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e) la surface de captage

Il faut aussi veiller à la nature de la (ou des) surface(s) de captage, généralement donc les toitures ..

** Il faut qu’elle soit d’une surface suffisante

** ne pas récupérer de l’eau issue d’une toiture végétalisée !

** ne pas récupérer l’eau issue d’une toiture en nouveaux bardeaux de bois, du moins pas les 5 premières années (sève, tanin, ..)

** éviter la récupération sur toiture en plaque fibro-ciment  (amiantée)

** Etc …

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Je terminerai cet article par un autre aspect important : le choix du type d’engin pour la pose de cuve(s) :

Ce choix sera déterminé par 3 critères :

** le gabarit et le poids de la cuve

** l’accessibilité au trou, et/ou la place disponible aux abords du trou

** la nature du sol

Concernant le gabarit et le poids des cuves béton, voici quelques exemples :

** cuve béton rectangulaire de 5000 l. : +/- 2.5 T.

** cuve béton cylindrique de 6000 l. : +/- 3 T.

** cuve béton cylindrique de 8000 l. : +/- 4.5 T.

** cuve béton ovale ou cylindrique de 10000 l. : +/- 5.5 T.

 

Possibilité 1 :  Si il y a une facilité d’accès au trou et une place suffisante à côté de celui-ci, sous réserve que le terrain soit sec, dur et empierré, il est possible de se faire livre la (ou les) cuve(s) par un camion équipé d’un bras de grue, qui viendra se positionner en bord de trou et pourra ainsi déposer la cuve directement dans le trou !

Le camion-grue représenté en photo ci-dessous est capable de décharger / poser une cuve de 10000 l. jusqu’à 8 voire 10m derrière lui ! , et peut aussi poser une cuve de 15000 l. à 5m …

Attention aussi de se renseigner sur l’éventuel coût supplémentaire d’un transport par camion équipé de bras de grue !

Camion avec bras de grue, + remorque    ©Copyright photo : Stockao.fr

 

 Camion avec bras de grue posant derrière lui …    ©Copyright photo : Stockao.fr

 

Attention si dépose « en latéral » par le camion-grue, à bien prévoir l’emprise au sol du déploiement de la béquille latérale !      ©Copyright photo : Stockao.fr

 

Possibilité 2 : avec une pelle sur roue. Mais ça implique plus de risques de pression sur le sol, au moment de la pose d’une cuve dans son trou, par le poids qui sera concentré à l’avant sous ses béquilles stabilisatrices ou sous sa lame, donc … en bordure du trou, ce qui peut s’avérer dangereux selon la nature du sol ! Généralement, les pelles sur roues ne sont pas très grosses, mais peuvent convenir pour décharger / poser des cuves jusqu’à 8000 l.

Pose d’une cuve 6000 avec pelle sur roues

Il peut être moins coûteux de se faire livrer sur camion plateau sans grue, et de décharger la (les) cuve(s) avec la pelle présente sur le chantier, tel que sur la photo ci-dessous :

Déchargement de cuves de 6000 l.

Possibilité 3 : avec une pelle sur chenille : la pression au sol du poids décentré de la cuve repose sur toute la surface de contact au sol des 2 chenilles !, ce qui est beaucoup plus stable et moins contraignant pour le sol en bord du trou ..

Manoeuvre aisée avec pelle sur chenilles

 

Possibilité 4 : avec un « ManiScopic », mais … j’ai eu l’occasion d’assister 2 chantiers où la pose s’est réalisée avec cet engin téléscopique, je ne vous raconte pas le stress et les complications que ça a représenté ! Personnellement, je ne conseille pas. Concernant le « Tracto-pelle », c’est encore pire, je pense que vous ne pourrez pas faire grand chose avec (de manière calme et sécurisée) pour la pose de cuve béton de + de 4000 l. ..

Pose avec ManiScopic

Possibilité 5 : Avec une grue de levage, pour des situations un peu plus difficiles. Ce type de grue a un potentiel beaucoup plus important en terme de poids à lever et d’amplitude de pose ..

Grue de levage de petit gabarit, facilement manoeuvrable

Aussi, pour poser des cuves béton de 5 ou 6000 l. (2.5 à 3.2 Tonnes) , je vous recommande fortement de privilégier une pelle de minimum 16 ou 18 Tonnes, si possible sur chenilles ! Pour poser une cuve béton de 10000 l. et au-delà (5.5 T. et +), assurez-vous d’une pelle sur chenilles de minimum 22 T., ou d’un camion-grue (comme vu plus haut) ou d’une petite grue de levage.

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Pour répondre à ceux qui prétendent qu’il vaut mieux privilégier les cuves en plastique plutôt qu’en béton, parce qu’elles ne nécessitent pas d’engin lourd pour les manipuler … posez-leur donc la question de savoir si pour eux ils envisageraient de creuser une trou de 30 à 50 M3 … à la main !?

Évidemment qu’on pourra rétorquer qu’une mini-pelle suffirait avec une cuve plastique, mais ceux qui connaissent ce type de travail savent qu’il ne sera pas du tout aisé de creuser un trou de surface conséquente (2 ou 3 cuves) à 2.5m de profondeur avec le court bras d’une mini-pelle !, et ils savent aussi reconnaître la différence de puissance (donc de facilité) entre une mini-pelle et une grosse, impliquant aussi une différence considérable de temps de travail ! Donc … si c’est pour s’emm*** le travail avec un engin moins cher mais trop petit qui coûtera plus en main-d’oeuvre … n’est-il pas plus opportun de se faciliter la tâche sans risque avec un engin adéquat ??

Voici pour terminer une photo d’une pelle sur chenilles de 22 T. , qui a réalisé, avec aisance et rapidité, mon gros chantier personnel.

Remblaiement avec pelle de 22 tonnes.
Copyright éc'eau-logis
Remblaiement

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Si vous pouvez à présent considérer que votre projet est faisable, et si vous avez besoin d’être accompagné(s) dans sa réalisation, je vous invite à lire également ma page de prestation de conception

Merci pour votre attention et pour l’intérêt que vous portez à cette cause ..

Vous pourrez trouver une vidéo sur le même sujet sur ma chaîne Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCyr-u7_w40MW-JIpvhB3yeA?pbjreload=10

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  1. Vos Tycho

    Bonjour,
    Est-il possible de venir faire une étude de faisabilité chez moi ( dans le Gers)?
    Merci beaucoup
    Tycho Vos

  2. Raphael Marchand

    Bonjour
    Quel est le problème lié à la récupération des eaux sur une toiture végétalisée ??

  3. mickae1

    est ce qu’il est possible de faire construire la cuve en béton ? car ce n’est pas possible chez moi de faire passer un engin….. le passage n’est pas plus large que 1m9…

  4. Desbonnets-Guégan

    Bonjour,
    J’aimerais installer ce système dans mon jardin, mais vu les pré-requis techniques, cela me semble tout simplement impossible.
    J’espère au moins installer des récupérateurs d’eau de pluies. En avez-vous à me conseiller ?

    Merci beaucoup par avance.
    Cordialement,
    Catherine Desbonnets-Guégan
    0671929741

  5. Sylvain ROY

    Bonjour, je ne sais pas si il serrait possible de contacter un membre du réseau perperuna même si sophie me semble être la personne la plus proche pour m’aider dans mon projet. Es qu’il demeure important dans une première demande de fournir toutes les informations sur le terrain l’accès etc… ?
    Merci pour de potentielles infos

    • "Pierre L'écoleau"

      Bonjour ,
      Vous pouvez découvrir notre Réseau national par ici : et contacter nos experts via leur fiche pro individuelle …
      Cordialement

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